Confinement L’inquiétude pour les personnes âgées
Confinement
L’inquiétude pour les personnes âgées
Vous avez été 12 000 à répondre, entre le 27 mars et le 2 avril, à la 2e vague de notre questionnaire « Ma vie en confinement », diffusé via notre newsletter hebdomadaire, notre réseau d’associations locales et les réseaux sociaux. Focus cette fois sur vos proches en maison de retraite (Ehpad) et sur l’aide à domicile.
PROCHES EN ÉTABLISSEMENT D’HÉBERGEMENT POUR PERSONNES ÂGÉES DÉPENDANTES (EHPAD)
8 % des personnes ayant répondu à l’enquête ont un proche en maison de retraite. Un stress supplémentaire, car les Ehpad sont très touchés par l’épidémie, et connaissent une mortalité importante. Les visites y sont interdites depuis un mois.
À quelle fréquence avez-vous eu des nouvelles ces 7 derniers jours ?
Interdiction des visites depuis le 11 mars, puis confinement en chambre à partir du 28 mars : l’isolement des résidents d’Ehpad a été croissant depuis le début de la crise sanitaire liée au coronavirus. L’objectif était de protéger une population très sensible au virus, l’âge étant un facteur de gravité reconnu. Mais le lien avec l’entourage est lui aussi vital pour la bonne santé des personnes âgées. Si un quart des familles ont reçu, la semaine précédant notre questionnaire, des nouvelles une fois par jour, plus d’un tiers ont dû se contenter d’un seul contact avec l’Ehpad. 6 % n’ont même eu aucune nouvelle.
Comment prenez-vous des nouvelles ?
Le contact s’est fait en direct dans la majorité des cas : à 60 %, les familles ont pu parler avec leur proche par téléphone ou par liaison vidéo. Une bonne façon de se faire une idée par soi-même de son état de santé, et pour maintenir un lien souvent précieux. Toutefois, c’est le personnel de l’Ehpad qui a fait l’interface pour un tiers des répondants, sans qu’on puisse extrapoler sur les raisons de cette situation.
Le coronavirus est-il entré dans l’Ehpad ?
Près d’un tiers des répondants ne le savent tout simplement pas, faute d’informations ! Voilà de quoi nourrir des inquiétudes légitimes, voire imaginer que la réalité est dissimulée aux familles. Pour la plupart d’entre elles cependant, aucun cas de Covid-19 n’a été diagnostiqué. 10 % ont eu l’information qu’un ou plusieurs résidents étaient touchés par la maladie, dans un effort louable de transparence.
Craignez-vous que votre proche soit touché par la maladie ?
À l’heure où nous écrivons, sur les 12 200 décès attribués au coronavirus, plus de 4 000 sont des personnes hébergées en Ehpad. Les personnes âgées et atteintes d’autres pathologies sont fragiles face au coronavirus, rarement éligibles à la réanimation, et les personnels des Ehpad étaient scandaleusement peu équipés pour limiter sa propagation : une combinaison qui a fait des maisons de retraite autant de mini-clusters de la maladie. En toute logique, en réponse à nos questions, les personnes qui se disent sans crainte face à l’hécatombe sont minoritaires. Plus de 70 % des répondants reconnaissent être inquiets ou très inquiets pour leur proche, et craignent qu’il ne se retrouve un jour ou l’autre infecté par le virus.
L’AIDE À DOMICILE POUR LES PERSONNES DÉPENDANTES
L’impact du confinement sur la fréquence des passages
Les personnes âgées ou handicapées qui vivent chez elles ont souvent besoin d’un coup de main, quelques heures par semaine, pour rester autonomes, chez elles. Pour les préserver du risque de contamination, l’assistance a parfois été allégée, voire supprimée. Le risque de contagion n’a pas été le seul motif : beaucoup d’aides à domicile ont dû se mettre en retrait pour garder leurs enfants privés d’école. Ménage et courses, les services les plus courants, ont été les plus affectés par les restrictions, de même que l’aide au déplacement. Il faut dans ce cas trouver quelqu’un pour assurer ces tâches essentielles du quotidien. Les soins à la personne (aide à la toilette, soins médicaux, préparation de repas) ont, heureusement, été largement maintenus.
Les précautions prises au cours des passages
Les masques systématiques auraient été précieux ! Faute de mieux, ce sont les gestes barrières (lavage des mains, distance) qui ont été fortement encouragés par les autorités sanitaires. Ils ont été globalement respectés par les intervenants à domicile, le message est bien passé. Avec des différences notables selon le type d’interventions. Les professionnels de santé (médecins, infirmières) ont été les plus scrupuleux, sans doute en raison du contact étroit qu’ils établissent nécessairement avec la personne. Les aides chargées de la surveillance de nuit, des courses ou des repas ont moins bien observé ces règles, ne prenant parfois aucune précaution particulière.
Anne-Sophie Stamane
Grégory Caret
Observatoire de la consommation