Aliments transformés Un peu moins d’additifs dans nos plats
Aliments transformés
Un peu moins d’additifs dans nos plats
Bonne nouvelle pour notre santé : les aliments transformés contiennent moins d’additifs, constate l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Ceux qui en sont dépourvus pèsent désormais 22 % du total. Mais il reste encore des marges de progrès conséquentes : près de la moitié des produits contient au moins trois substances différentes. Parmi les plus mauvais élèves figurent les viennoiseries et desserts surgelés, les produits traiteurs frais, et les glaces et sorbets, qui sont trop souvent saupoudrés de plus de 10 additifs.
Les industriels de l’agroalimentaire ont entendu le souhait des consommateurs : manger des produits moins truffés de molécules aux noms abscons. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a publié le 19 novembre un état des lieux de l’utilisation des additifs dans les aliments transformés (1). Les pratiques des fabricants semblent plutôt aller dans le bon sens, avec « une baisse de l’emploi des additifs les plus utilisés » entre 2008 et 2018. Un petit dérapage à la hausse est constaté pour 4 des 46 additifs les plus fréquents, mais il est peu inquiétant car tous sont classés verts (acceptables) dans notre évaluation des additifs alimentaires. Il s’agit des :
- caroténoïdes (E160a, colorants) avec +2 points ;
- carbonates de sodium (E500, poudre à lever) avec +1 point ;
- pectines (E440, gélifiants) avec +0,4 point ;
- anthocyanes (E163, colorants) avec +0,3 point.
De plus, les caroténoïdes et les anthocyanes sont des colorants d’origine naturelle, qui viennent probablement en substitution de colorants de synthèse. Quant à la pectine, c’est un agent de texture également d’origine naturelle. Cette évolution confirme la tendance à davantage de naturalité des produits.
LE « TOP 8 » ENCORE TRÈS PRÉSENT
Sur plus de 300 additifs autorisés (2), tous ne sont pas utilisés, loin de là. Seuls 42 % sont retrouvés dans au moins 2 % des aliments, et seuls 8 d’entre eux le sont fréquemment (dans plus de 10 % des aliments). Mais ils peuvent être quasi omniprésents dans certaines catégories alors qu’ils ne sont pas tous inoffensifs.
Ce « top 8 » regroupe :
Additif alimentaire | Fonction principale | Utilisation | Classement dans notre évaluation |
---|---|---|---|
Acide citrique (E330) | Régulateur de l’acidité | 23 % des produits (par exemple 2 % des charcuteries mais 75 % des conserves de fruits) | Jaune (tolérable, vigilance pour certaines populations) |
Amidons modifiés (regroupant plus de 10 additifs différents) | Épaississants | 22 % des produits (sauces chaudes, par exemple) | Vert (acceptable) Jaune (tolérable, vigilance pour certaines populations) Orange (peu recommandable) |
Lécithines (E322) | Émulsifiants | 17 % des produits dont 94 % des chocolats et produits chocolatés ou encore 88 % des laits infantiles et 84 % des barres céréalières | Jaune (tolérable, vigilance pour certaines populations) |
Mono et diglycérides d’acides gras (E471) | Émulsifiants ou gélifiants | 15 % des produits mais jusqu’à 77 % des glaces et sorbets, 54 % dans les produits de panification et 25 % dans les céréales du petit déjeuner | Orange (peu recommandable) |
Acide ascorbique (E300) | Antioxydant | 13 % des produits | Vert (acceptable) |
Gomme xanthane (E415) | Épaississant | 13 % des produits | Jaune (tolérable, vigilance pour certaines populations) |
Gomme de guar (E412) | Épaississant | 12 % des produits | Jaune (tolérable, vigilance pour certaines populations) |
Carraghénanes (E407) | Gélifiant | 10 % des produits | Jaune (tolérable, vigilance pour certaines populations) |
Il s’agit principalement de texturants, qui ne sont pas employés pour un usage sanitaire mais plutôt pour leur rôle cosmétique, ou de praticité pour les opérateurs industriels. Et ils continuent à être largement utilisés dans les aliments infantiles de diversification, dont 28 % des produits contiennent par exemple des amidons modifiés.
Nous avons également vérifié, pour quelques additifs que nous classons rouges (à éviter), dans quelle proportion ils étaient encore présents. Au hasard, le quelque peu controversé nitrite de sodium : il s’affiche encore dans 71 % des charcuteries, mais aussi 40 % des produits de snacking surgelés ou encore 27 % des produits traiteurs frais ! Soulignons néanmoins l’effort de la filière charcutière pour cet additif jouant un rôle d’ordre sanitaire (lutte contre la toxine botulique) : ce taux de 71 % est inférieur de 4 points à celui de 2008. Le nitrate de potassium se retrouve quant à lui dans 31 % des charcuteries, le colorant caramel dans 12 % des boissons rafraîchissantes (non alcoolisées) ou encore la tartrazine dans 9 % des sirops…
AU MOINS UN ADDITIF DANS 78 % DES PRODUITS
Cette amélioration mise en avant par l’Anses n’est donc pas tout à fait une révolution. D’autant que la majorité des produits (78 %) contiennent encore au moins un additif, et presque la moitié (47 %) au moins trois. La palme revient aux secteurs des viennoiseries et desserts surgelés, des produits traiteurs frais et des glaces et sorbets, dont respectivement 16 %, 15 % et 12 % des produits utilisent plus de 10 additifs (3).
Néanmoins, la tendance est positive : la part d’aliments sans additifs a augmenté de 5 points, le plus souvent au détriment de produits présentant 4 additifs et davantage. Les catégories ayant fait les plus gros efforts sont les produits traiteurs frais – qui partaient tout de même de loin – avec +13 points ! Les pizzas surgelées et les préparations pour desserts ont progressé de 9 points, suivis par les apéritifs, les charcuteries et les plats surgelés.
DES ALTERNATIVES À ÉVALUER
Il sera intéressant d’évaluer aussi les alternatives que les industriels utilisent pour remplacer ces additifs, comme « les nouveaux traitements technologiques, la diminution de la durée de conservation du produit, ou la substitution par d’autres substances » énumérées par l’Anses. Mais attention que le « clean labelling » ne dérive pas en « clean washing » : d’autres ingrédients sont désormais proposés pour se substituer aux additifs « Exxx », avec les mêmes propriétés, mais sans être soumis à la même réglementation, donc aux mêmes contrôles…
QUELLE CATÉGORIE DE DISTRIBUTEUR S’EN SORT LE MIEUX ?
Ce sont les marques nationales qui présentent le plus de produits sans additif (27 % de leurs offres). Les autres secteurs suivent dans un mouchoir de poche : 21 % des marques de distributeurs, 20 % des premiers prix et 19 % des hard discounters.
(1) D’après les données de l’Observatoire de l’alimentation (Oqali, géré par l’Anses et l’Institut national de la recherche agronomique) sur plus de 30 000 produits alimentaires couvrant 73 % des volumes.
(2) L’utilisation des additifs est encadrée par la réglementation européenne (CE no 1333/2008).
(3) Les confiseries, qui sont pour la plupart truffées de ces petites molécules, notamment des colorants, ne sont pas prises en compte dans ce rapport car ces produits étaient en cours d’analyse lors de sa rédaction.
Elsa Casalegno