Boissons en été Le vrai du faux
Boissons en été
Le vrai du faux
Pendant les périodes de fortes chaleurs, faut-il boire chaud ? Faut-il boire avant d’avoir soif ? Faut-il boire très frais pour se rafraîchir ? Notre vrai-faux risque de mettre à mal quelques idées préconçues.
POUR SE RAFRAÎCHIR, IL FAUT BOIRE TRÈS FRAIS
Faux Certes, c’est agréable. Mais il ne faut pas confondre désaltération et rafraîchissement. Boire glacé ne fait pas vraiment baisser la température corporelle. En réduisant la sensation de soif, cela peut au contraire conduire à moins boire. Mieux vaut donc ne pas boire trop froid(1).
Bon à savoir Pour se rafraîchir, il faut s’hydrater mais aussi mouiller sa peau – en appliquant des linges humides, en pulvérisant de l’eau (avec un vaporisateur de jardinage par exemple), en prenant des bains ou des douches tièdes sans s’essuyer – et favoriser l’évaporation de cette eau en faisant circuler de l’air – ventilateur, courant d’air, éventail, etc.
IL FAUT BOIRE AVANT D’AVOIR SOIF
Faux Pour les adultes en bonne santé, cette affirmation est un non-sens physiologique. L’argument avancé est le suivant : quand on a soif, on est déjà « déshydraté ». C’est vrai mais, en général, cela signifie seulement qu’on manque un peu d’eau. La déshydratation devient grave quand elle est importante. Elle s’accompagne alors d’autres symptômes (fatigue ou somnolence inhabituelles, perte de poids, bouche et lèvres très sèches, yeux cernés, etc.). C’est pour éviter d’en arriver là qu’existe la soif. Pour les personnes en bonne santé, c’est un signal très fiable : quand on a soif, il faut boire ; quand on n’a plus soif, c’est que l’on a assez bu(2). Boire avant d’avoir soif, c’est comme crier avant d’avoir mal, c’est inutile.
Attention Les personnes très âgées, qui ont une sensation de soif altérée (retardée, moins marquée), doivent boire sans même avoir soif, en particulier lors des canicules.
QUAND IL FAIT CHAUD, C’EST BIEN DE BOIRE CHAUD
Sans doute faux Ah, les Touaregs qui boivent du thé bouillant dans le désert… Cet exemple est souvent cité pour justifier qu’une boisson chaude quand il fait chaud serait bénéfique. En réalité, boire chaud élève la température interne du corps. Cela augmente aussi la transpiration. Selon une étude, si les conditions extérieures sont favorables à l’évaporation de la sueur (air assez sec notamment), cet excès de transpiration réduirait in fine la température stockée dans tout le corps(3). Mais, attention, plus de sueur signifie plus de pertes en eau. Dans certains cas donc, boire chaud rafraîchirait mais déshydraterait. Ces données ne sont pas assez probantes pour se forcer.
Bon à savoir L’étude a été réalisée avec des boissons non brûlantes (50 °C). La consommation de boissons très chaudes (plus de 60 °C) est, quant à elle, associée à un risque accru de cancer de l’œsophage(4).
L’ALCOOL DÉSHYDRATE
Vrai Et savez-vous comment ? L’alcool perturbe notre système de régulation. En temps normal, quand il commence à manquer d’eau, le corps déclenche la sensation de soif et libère une hormone (la vasopressine) qui réduit la production d’urine (de façon à garder de l’eau). L’alcool empêche cette hormone de fonctionner. On produit donc plus d’urine que souhaitable… et ainsi on se déshydrate.
Bon à savoir Ajouter des glaçons dans le rosé ne compense pas.
NOTRE CORPS PRODUIT DE L’EAU
Vrai Nos apports en eau se font principalement via l’alimentation (légumes, fruits, soupes, etc. sont très riches en eau) et les boissons. Mais il existe une troisième source, méconnue : l’eau que nous produisons, appelée eau métabolique. Elle est produite lors des réactions chimiques qui transforment les nutriments (protéines, lipides, etc.) en énergie.
Bon à savoir Un adulte produit ainsi environ un tiers de litre d’eau par jour, et davantage en cas d’activité physique.
REPÈRE
L’urine est un bon indicateur (sauf pour ceux qui souffrent de troubles rénaux) du niveau d’hydratation. Normalement, elle est jaune pâle. Si elle est très foncée, ce peut être le signe que vous ne buvez pas assez.
(1) Santé publique France, 03/15.
(2) Noakes T., British Medical Journal, 2012.
(3) Bain AR., Acta physiologica, 2012.
(4) The International Agency for Research on Cancer, 2016.
Perrine Vennetier