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Antidouleurs Trop de prescriptions d’antalgiques opioïdes

Antidouleurs

 

Trop de prescriptions d’antalgiques opioïdes

Les autorités sanitaires s’alarment du nombre croissant de prescriptions d’antidouleurs opioïdes, de tramadol principalement, délivrés aux personnes souffrant de douleurs aiguës ou chroniques. Ces médicaments ont beau être utiles, ils peuvent donner lieu à une accoutumance, voire une dépendance. Conséquence, les cas de mésusage explosent et leurs complications avec.

 

Le dérapage est à peine contrôlé. La consommation d’antalgiques a explosé en France. Le phénomène profite surtout au paracétamol et à l’aspirine, mais les autorités sanitaires s’inquiètent d’une tendance lourde. Toujours plus d’opioïdes sont délivrés aux personnes se plaignant de douleurs aiguës ou chroniques. En 2015, 10 millions d’entre elles ont reçu des opiacés dits faibles (codéine, tramadol, opium). Or, ces prescriptions peuvent devenir problématiques, comme l’illustre l’inquiétante situation du tramadol (Ixprim, Contramal). Sa consommation a grimpé de 68 % depuis 2006.

Ce médicament est l’antalgique opioïde le plus souvent prescrit en France. Il devance largement la codéine (Codoliprane, Dafalgan codéiné) et la poudre d’opium (Lamaline, Izalgi). Mais sa consommation s’accompagne d’un grand nombre de dérives. Elles sont apparues de manière plus marquée après le retrait du marché du dextroproxyphène (Di-Antalvic), en partie compensé par une hausse des prescriptions de tramadol. Il a donc été placé sous surveillance renforcée dès 2009. Une décision dont le bon sens a été confirmé par la suite.

Les antalgiques non opioïdes (paracétamol, aspirine, anti-inflammatoires) restent les plus prescrits en France. Lorsque les opioïdes sont utilisés, le tramadol est, de loin, le plus sollicité. Les opioïdes forts (morphine, oxycodone, fentanyl), soumis à ordonnance sécurisée, restent prescrits avec prudence.

UNE DÉPENDANCE RAPIDE

Même sans mésusage clair, le tramadol est une source majeure de complications. Ce médicament est la première cause d’intoxications liées à la prise d’opioïdes. Sa part ne cesse de progresser. Pire : selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), au moins quatre décès par semaine sont liés à l’ingestion d’opioïdes. Là encore, le tramadol arrive en tête, devant la morphine et la codéine. Enfin, lorsqu’une ordonnance suspecte est signalée – pour falsification ou vol par exemple –, il y figure dans la majorité des cas. De fait, il est le principal opioïde faisant l’objet de signalements aux centres d’addictovigilance pour « usage problématique ».

Il apparaît donc que le tramadol est un médicament pour le moins problématique. Qu’il soit surreprésenté est logique, puisqu’il est l’antalgique opioïde le plus vendu. Mais la démesure interpelle. Comment l’expliquer ? Une piste émerge d’un récent rapport de l’ANSM (1). Malgré des doses conformes et une prescription limitée à moins d’une semaine, plus de la moitié des personnes traitées souffre d’un syndrome de sevrage physique (sueurs, douleurs) et d’une anxiété à l’arrêt du traitement.

Cette transition pénible pourrait favoriser les mésusages… mais les patients n’en sont pas avertis sur les notices qui leur sont destinées. Celles-ci se contentent d’indiquer que « dans de rares cas, prendre un médicament à base de chlorhydrate de tramadol peut provoquer une dépendance et rendre difficile l’arrêt du traitement ». Un avertissement laconique bien éloigné de la réalité du terrain.

(1) « État des lieux de la consommation des antalgiques opioïdes et leurs usages problématiques », ANSM, 20/02/19.

Audrey Vaugrente

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