Indépendance des médecins Sans cadeau, c’est mieux
Indépendance des médecins
Sans cadeau, c’est mieux
Une étude sur les médecins généralistes français montre que les moins « arrosés » par les laboratoires prescrivent mieux et moins cher.
Les généralistes indépendants des laboratoires pharmaceutiques prescrivent moins, et mieux. C’est la conclusion d’une étude sur l’influence des laboratoires qui vient de paraître dans le British Medical Journal (BMJ), sans qu’un lien de cause à effet puisse être formellement affirmé.
Réalisée en France par des chercheurs et ingénieurs de la faculté de médecine de Rennes, elle classe plus de 41 000 généralistes libéraux selon le montant des cadeaux qu’ils ont reçu de l’industrie en 2016, et met en regard leurs pratiques de prescription. Deux bases de données ont fourni les chiffres nécessaires à la comparaison : le site Transparence Santé1, qui répertorie depuis 2013 les financements apportés chaque année par l’industrie aux professionnels de santé, mais aussi aux étudiants, à la presse et aux associations de patients, et le Système national des données de santé (SNDS), géré par l’Assurance maladie, où sont rassemblées toutes les informations sur les soins et les remboursements, en ville comme à l’hôpital, d’où ont été extraits des indicateurs liés à chaque médecin.
PLUS DE MÉDICAMENTS GÉNÉRIQUES
Résultats du croisement entre les deux bases : les généralistes qui n’entretiennent aucun lien financier avec les labos ont des habitudes plus vertueuses que ceux de leurs collègues qui acceptent des invitations au restaurant, des subventions pour leurs équipements, ou la prise en charge de leurs frais de déplacement ou d’hébergement pour des congrès. Ils rédigent des ordonnances moins coûteuses pour l’Assurance maladie, donnent plus de génériques, prescrivent moins volontiers de benzodiazépines (calmants et somnifères) et de vasodilatateurs au long cours, et préfèrent, à efficacité similaire, des antihypertenseurs moins onéreux.
Le Dr Bruno Goupil, un des auteurs de l’étude, lui-même généraliste, estime que « ces recherches constituent un premier travail d’analyse des données de la base Transparence Santé. Il semble peu probable que l’argent dépensé par l’industrie pharmaceutique pour la promotion des médicaments le soit à perte. Et en effet, les résultats de notre analyse concordent avec les études existantes qui concluent en faveur d’une influence sur les prescriptions. »
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(1). La base Transparence Santé est accessible au grand public à l’adresse suivante : https://www.transparence.sante.gouv.fr/ mais, l’ergonomie du site laissant franchement à désirer, une version plus lisible est proposée par le collectif Euros For Docs : https://www.eurosfordocs.fr.
Anne-Sophie Stamane