Vente de billets Le Royaume-Uni sévit contre Viagogo
Vente de billets
Le Royaume-Uni sévit contre Viagogo
Le site Viagogo, qui propose des billets de spectacles, concerts ou évènements sportifs à des prix « surgonflés » et où les faux billets sont légion, va devoir modifier ses pratiques au Royaume-Uni. En France, la prudence reste de mise.
Malgré nos mises en garde répétées depuis son arrivée en France, en 2011, le site de vente de billets Viagogo continue de faire des victimes parmi les lecteurs de Que Choisir. Les messages qu’ils nous adressent se ressemblent : après avoir acheté en quelques minutes un billet de concert, spectacle ou évènement sportif, ils réalisent que la facture est sans commune mesure avec le prix officiel. Et s’inquiètent de savoir si, en plus d’avoir payé trop cher, ils seront refoulés à l’entrée de l’évènement. C’est impossible à savoir : au-delà des frais exorbitants facturés par Viagogo, le principal problème est que les billets électroniques peuvent être falsifiés ou revendus à plusieurs personnes. Rien de plus simple pour un vendeur peu scrupuleux que d’envoyer le même billet à plusieurs acheteurs : seul le premier à passer les portiques de sécurité sera accepté dans l’enceinte de l’établissement.
Jusqu’à présent, les actions menées contre le site étaient individuelles, menées par les producteurs d’évènements (lire notre enquête : Viagogo, un billet pour l’arnaque). Ainsi en Allemagne, mi-novembre, le tribunal de grande instance d’Hambourg a prononcé une injonction préliminaire interdisant au site de vendre des billets pour les concerts du groupe de métal allemand Rammstein. En France, des contrôles d’identité seront effectués à l’entrée des concerts du groupe pour vérifier que le porteur du billet est bien son acheteur original : les billets achetés sur Viagogo avant la décision du tribunal d’Hambourg risquent donc de ne pas être acceptés.
Le Royaume-Uni est allé plus loin et pourrait devenir le premier État à réduire le pouvoir de nuisance du site, basé dans le paradis fiscal du Delaware (États-Unis) : l’Autorité des marchés et de la concurrence britannique a, fin novembre, obtenu de la Haute cour de justice qu’elle ordonne au site d’indiquer si les billets vendus sur sa plateforme présentent un risque de ne pas être acceptés dans l’enceinte de l’évènement. Viagogo devra aussi préciser dans les annonces le numéro de siège des billets en vente (afin d’éviter les mauvaises surprises à la réception du billet, notamment de découvrir que la catégorie ne correspond pas à celle espérée) et l’identité des vendeurs (si le nom s’affiche en cyrillique alors que le spectacle a lieu dans une petite ville française, prudence !).
Le site devra aussi s’abstenir d’inciter les acheteurs à effectuer rapidement la transaction en lui donnant des informations erronées sur la disponibilité des billets (par exemple, « seulement 5 billets disponibles : achetez avant qu’il ne soit trop tard »). Autres demandes des autorités britanniques : Viagogo devra vérifier que les vendeurs disposent bien des billets qu’ils prétendent vendre, et faciliter les remboursements en cas de litige.
Ces mesures, acceptées par l’entreprise afin d’éviter un coûteux procès, doivent être mises en œuvre au plus tard mi-janvier 2019. La Haute cour de justice, dans sa décision, prévient : « Si vous, Viagogo AG, désobéissez à cet ordre, vous pourrez être déclaré coupable d’outrage au tribunal et passible d’une amende. Vos biens pourront être saisis et vos administrateurs seront également passibles d’une peine d’emprisonnement, d’une amende et de la saisie de leurs biens ». La répression des fraudes française pourrait s’en inspirer…
Viagogo a réagi à la décision dans un communiqué : « Nous sommes heureux d’avoir pu collaborer étroitement avec l’Autorité des marchés et de la concurrence afin de parvenir à un accord offrant une plus grande transparence aux consommateurs », a écrit, toute honte bue, l’entreprise.
Six conseils pour ne pas être un gogo
1. Dirigez-vous vers les sites de confiance (Fnac, Digitick, Ticketmaster, sites des grandes surfaces, des salles de concert…). Ils sont signalés sur les affiches des spectacles.
2. Ne vous fiez pas aux moteurs de recherche. Ils peuvent afficher des sites frauduleux ayant payé pour être mis en avant.
3. L’évènement est complet ? Avant d’aller sur un site pas net, vérifiez s’il n’existe pas une bourse d’échange officielle.
4. Soyez raisonnables. Lorsque des frais exorbitants apparaissent au moment du paiement, ou si la place est bien trop chère, quittez immédiatement le site : il n’est pas sérieux.
5. Réagissez ! Si vous pensez avoir été escroqué, contactez la direction départementale de la protection des populations (DDPP), la police ou encore la gendarmerie.
6. Vous avez votre billet ? Ne le mettez pas en photo sur les réseaux sociaux ! Des individus malintentionnés pourraient en faire une copie grâce à son code-barres.
Morgan Bourven