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Alimentation, Législation / Droit / Justice

Publicités alimentaires à destination des enfants 10 ans après, le Gouvernement nous refait le coup de l’autorégulation !

Publicités alimentaires à destination des enfants

 

10 ans après, le Gouvernement nous refait le coup de l’autorégulation !

Il est des hasards de calendrier malheureux. A quelques jours d’écart, le gouvernement a présenté son projet de loi Audiovisuel, et la Cour des Comptes a rendu un avis sur la prévention de l’obésité. Quel rapport, me demanderez-vous ? La publicité alimentaire, notamment à destination des enfants, que la Cour appelle à encadrer fortement, alors que le gouvernement, une fois de plus, cède aux pressions des annonceurs.

 

Le constat de la Cour des comptes, s’il n’est pas nouveau, n’en est pas moins sévère. Les Sages rappellent que l’incidence des publicités sur les préférences alimentaires des enfants, et par suite sur l’alarmante progression de l’obésité infantile, est un phénomène reconnu par les experts français et internationaux. A ce titre, la politique de la France, qui repose depuis toujours sur des chartes d’engagement des professionnels, est étrillée dans le rapport, après avoir été épinglée l’année dernière par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Et c’est là qu’on ne peut que s’indigner du manque d’ambition du gouvernement dans son projet de loi audiovisuel. Sans réelle surprise, mais avec une profonde déception, les pouvoirs publics se fourvoient une nouvelle fois dans l’autorégulation, en prônant un énième code de bonne conduite entre les industriels et les diffuseurs pour limiter l’exposition des enfants au marketing alimentaire. On se demande bien, d’ailleurs, à quoi bon une loi si c’est pour simplement prévoir un code de bonne conduite !

En pratique, on fait difficilement plus inefficace. Ce code ne serait ni plus ni moins que la charte que l’industrie alimentaire avait rédigée à la hâte en 2009 pour empêcher – déjà – le vote d’une réglementation restreignant la publicité de produits trop caloriques. Un an après la signature de cette charte, l’UFC-Que Choisir avait démontré que la publicité destinée aux enfants portait, dans 80 % des cas, sur des produits gras ou sucrés, tels que des confiseries, les fast-food, ou des céréales particulièrement sucrées.

La solution est pourtant connue. La Cour des comptes demande ainsi l’interdiction de la publicité pour certains aliments trop gras, trop salés ou trop sucrés, notamment à destination des enfants. Elle rejoint ici les demandes, outre de l’UFC-Que Choisir, de l’OMS ou encore de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui toutes appellent à une réglementation du marketing alimentaire. Les parlementaires seront-ils, eux, plus conscients du problème et de la nécessité d’une législation efficace ? Ça reste à voir…

Alain Bazot

Président de l’UFC – Que Choisir

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